
Dans l’univers du sport, certaines images traversent le temps, gravées dans la mémoire collective comme des symboles d’excellence, de passion et de dépassement de soi. Les finales, qu’il s’agisse de basket, de football, de tennis ou de toute autre discipline, sont les scènes les plus attendues, les plus intenses, où les plus grandes légendes s’écrivent. Parmi tous ces moments inoubliables, l’un des plus iconiques reste sans doute le tir de la victoire de Michael Jordan en 1998, lors des Finales NBA contre le Jazz de l’Utah. Un geste, un instant suspendu, un souffle coupé : ce moment incarne tout ce que le sport peut offrir de plus dramatique et de plus beau.
Nous sommes le 14 juin 1998, à Salt Lake City, dans un Delta Center chauffé à blanc. Les Chicago Bulls mènent la série 3-2 face au Jazz de Karl Malone et John Stockton. C’est peut-être le dernier match de Jordan sous le maillot des Bulls. Tout est en jeu : le titre, la légende, l’héritage. Il reste moins d’une minute à jouer dans le Game 6. Les Bulls sont menés 86-85. Le ballon est dans les mains de Michael Jordan, le n°23, déjà quintuple champion NBA. Il prend possession de la balle, remonte le terrain, et dans un enchaînement mythique, vole la balle à Karl Malone dans la raquette. Puis, comme si le destin était écrit, il dribble calmement jusqu’à la ligne des trois points, laisse les secondes s’égrener, crochète Bryon Russell avec un geste fluide et gracieux, puis s’élève.
Le tir part.
Le monde retient son souffle. Le ballon traverse l’air au ralenti, l’arène devient silencieuse, le temps semble suspendu. Swish. Le ballon entre dans le panier sans toucher le cercle. Les Bulls mènent désormais 87-86. Il reste 5,2 secondes au chrono. Le Jazz tente un dernier tir, mais échoue. Les Bulls sont champions pour la sixième fois en huit ans. Jordan termine avec 45 points. Ce dernier tir, cette dernière danse, ce dernier geste : c’est la perfection. Le mythe est scellé.
Pourquoi ce moment est-il si iconique ? D’abord parce qu’il symbolise l’apogée d’une carrière hors norme. Jordan, déjà considéré comme le plus grand joueur de tous les temps, scelle sa carrière chez les Bulls avec un geste qui résume à lui seul toute sa grandeur : sang-froid, technique, intelligence de jeu, timing parfait. Ensuite, parce que c’est un moment théâtral, presque cinématographique : le héros qui surgit dans l’adversité, la tension dramatique, la délivrance finale.
Mais au-delà du basket, cet instant touche quelque chose d’universel. Il parle de la capacité humaine à se transcender dans les moments cruciaux, à affronter la pression avec courage, à saisir l’instant avec audace. Dans chaque domaine de la vie, il existe ces “finales” personnelles – ces moments décisifs où tout se joue, où il faut prendre une décision, tenter sa chance, ne pas trembler. Jordan, ce soir-là, devient une métaphore vivante de la grandeur que chacun peut viser.
D’autres sports ont également offert des moments iconiques en finale : le but de Zinédine Zidane en reprise de volée en finale de la Ligue des champions 2002 avec le Real Madrid, la course phénoménale d’Usain Bolt en finale du 100 mètres aux Jeux olympiques de Pékin en 2008, ou encore la victoire serrée de Roger Federer face à Nadal à Wimbledon 2007. Mais ce tir de Jordan reste à part, presque mystique.
Ce moment est d’autant plus iconique qu’il est accompagné d’un contexte historique. Les Bulls de 1998 étaient à la fin d’un cycle. Les tensions avec le management, l’âge des joueurs, la pression constante : tout indiquait une fin proche. Et pourtant, ils ont réussi à arracher ce dernier titre dans la douleur, le combat, la précision. C’était le dernier chapitre d’une dynastie légendaire, et Jordan a signé ce chapitre d’un geste digne d’un maître calligraphe.

Aujourd’hui encore, ce tir est diffusé dans tous les montages vidéos sur les plus grands moments du sport. Il a été immortalisé dans le documentaire The Last Dance, qui a permis à une nouvelle génération de découvrir à quel point ce moment fut capital, intense, presque irréel. Même ceux qui ne suivent pas le basketball connaissent cette image : Jordan suspendu en l’air, le bras tendu, le ballon quittant ses doigts avec une grâce inégalable.
En somme, “le tir” de Michael Jordan en 1998 est plus qu’un simple panier. C’est une œuvre d’art, une leçon de maîtrise, un symbole intemporel. Il résume l’essence même du sport : des efforts constants pour un moment unique. Il rappelle que les légendes ne naissent pas seulement du talent, mais du courage d’agir quand tout est en jeu.